Dès le soir du 30 mars, sur le perron de la mairie du Pontet (Vaucluse) que venait de ravir le Front national, le principal opposant, l’UMP Claude Toutain, avait prévenu qu’il déposerait un recours en annulation. «Trop de choses pas claires.» L’ex-maire adjoint de la commune de 17 000 habitants a obtenu gain de cause, ce jeudi, le tribunal administratif de Nîmes invalidant l’élection de Joris Hébrard.

Parmi les irrégularités reprochées à l’un des onze maires FN élus en mars, Toutain invoque notamment «de l’affichage sauvage» : des tracts qui auraient été diffusés la veille du second tour, donc après la clôture de la campagne, ce qui empêchait les adversaires du candidat FN de répliquer. Mais ce sont surtout des listes d’émargement litigieuses, avec des signatures d’électeurs qui variaient entre premier et second tours, qui ont retenu l’attention de la justice. «On en avait repéré plus d’une soixantaine mais retenu 27 différences patentes pour notre dossier», précise Claude Toutain à Libération. A l’audience du 2 octobre, le rapporteur public, Philippe Parisien, a relevé 17 signatures qui «ne semblent pas être apposées par la même main entre les deux tours et ces 17 suffrages doivent donc être neutralisés». Il avait préconisé l’annulation de l’élection. D’autant que Joris Hébrard avait gagné d’un cheveu en mars… à sept voix d’avance, recueillant 3 141 suffrages, contre 3 134 pour Toutain lors d’une triangulaire.

Le cabinet du maire confirme toutefois à Libération que Joris Hébrard va contester la décision de justice. Il dispose d’un mois pour faire appel auprès du Conseil d’Etat. Ce qui pourrait repousser de six mois la convocation d’une municipale partielle.

En mars, pas moins de trois listes de droite s’étaient affrontées au premier tour et un candidat divers droite s’était maintenu face à l’UMP et au FN au second tour. En vue d’une possible partielle, Toutain appelle ses concurrents à partir groupés pour«débarrasser Le Pontet de cette clique» frontiste qu’il juge «totalement incompétente», citant la fin de la gratuité des repas dans les cantines pour les élèves les plus défavorisés ou la suppression de la subvention allouée au Téléthon. «Tout le monde ici a compris ce qu’était la gestion du FN : idéologique, tout pour sainte Marine. Si on revote, il y aura une plus grande mobilisation», espère Toutain.